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Évangile

Qu’est-ce que la vie? | Evangile du 15 juin

By 11 juin, 2025juin 14th, 2025No Comments


Evangile selon Saint Jean 16,12-15:

«J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas la force de les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous guidera vers la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même: il redira tout ce qu’il aura entendu; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Il me glorifiera, car il reprendra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce qui appartient au Père est à moi; voilà pourquoi je vous ai dit: Il reprend ce qui vient de moi pour vous le faire connaître».

Qu’est-ce que la vie ?

Luis CASASUS Président des Missionnaires Identès

Rome, 15 juin 2025 | Sainte Trinité

Prov 8, 22-31 ; Rom 5, 1-5 ; Jn 16, 12-15

Se demander qu’est-ce que la vie ? n’est pas réservé aux philosophes professionnels. De temps en temps, c’est quelque chose que nous faisons tous, peut-être sans le formuler, pour donner un sens à une situation douloureuse, à un effort continu ou à un manque de motivation dans ce que nous avons à accomplir.

Il y a quelques jours, lors d’une retraite, un jeune homme de bonne volonté, mais plongé dans une vie urbaine trépidante, avouait que pour lui, la vie consistait à travailler de longues heures, passer peu de temps en famille et faire un peu de sport. Un cas malheureusement courant.

Mais Jésus-Christ nous dit : Celui qui m’aime, obéira à ma parole, et mon Père l’aimera, et nous viendrons à lui, et nous ferons chez lui notre demeure (…). Le Saint-Esprit que mon Père vous enverra en mon Nom vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit (Jn 14, 23-24). Cela doit donc être une clé (la clé) essentielle pour comprendre ce qu’est la vie, notre vie, au-delà d’une succession d’activités et de préoccupations. La Sainte Trinité est en nous de manière permanente, car nous sommes sa demeure, aussi indignes que nous nous considérions. Il ne s’agit pas seulement d’un honneur, mais de notre vraie vie.

Saint Jean-Paul II nous rappelait que la vie de l’être humain a trois dimensions :

* La participation à la vie éternelle, c’est-à-dire ne pas se perdre, vivre pleinement dès maintenant, grâce à notre foi en Christ (Jn 3, 15).

* Être une créature nouvelle, renouvelée en permanence par l’action du Saint-Esprit : Si quelqu’un est en Christ, il est une créature nouvelle. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles (2 Co 5, 17).

* Le fait de vivre comme des enfants, en communion d’amour avec notre Père céleste : L’Esprit lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu (Rom 8, 16).

Il est significatif que le pape François ait également parlé de trois dimensions de la vie humaine (2 avril 2020) que nous pouvons faire correspondre aux précédentes.

La promesse. Voici la promesse qu’il nous a faite : la vie éternelle (1 Jn 2, 25). C’est une promesse centrée sur le Christ et qui est la garantie du pardon des péchés et du don de l’Esprit Saint.

L’alliance, qui s’accomplit sur la croix du Christ et s’actualise par l’Esprit Saint. Ce n’est plus une alliance écrite sur la pierre, mais scellée dans le cœur, et qui implique : une relation vivante et personnelle avec Dieu, la participation à la vie trinitaire et l’appel à vivre dans la fidélité, en réponse à l’amour reçu.

Le choix. Chaque chrétien a été appelé par son nom, depuis toute éternité, pour vivre comme enfant du Père. Dieu nous a choisis en Christ avant la fondation du monde (Ep 1, 4).

Cette élection signifie être appelé à vivre une nouvelle identité, celle d’enfant de Dieu; une mission, en tant que disciple, et une communion, en tant que membre du Corps du Christ.

Dans sa réflexion, le pape François s’est particulièrement attardé sur la figure d’Abraham, ce qui rend ses arguments encore plus remarquables, car cette participation à la vie trinitaire est déjà annoncée dans l’Ancien Testament.

La manifestation du Dieu trinitaire en nous nous rend semblables à Dieu, non seulement personnellement, mais aussi dans la possibilité de vivre une communion interpersonnelle, impossible pour le monde. Comme le dit la Constitution dogmatique Lumen Gentium :

L’Église est en Christ comme un sacrement, c’est-à-dire signe et instrument de l’union intime avec Dieu et de l’unité de tout le genre humain.

Tel est le désir du Christ, une unité qui reproduit celle qui existe dans la Sainte Trinité :

Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu’ils soient aussi un en nous, afin que le monde croie que tu m’as envoyé (Jn 17, 21).

—ooOoo—

Dans la pratique, croire et tenir compte de la réalité de la Sainte Trinité a des conséquences bénéfiques immédiates : cela nous permet de dialoguer avec le Père, le Fils et le Saint-Esprit de manière adéquate, en étant ainsi capables d’identifier la voix qui s’adresse à nous et, de cette manière, de répondre de manière appropriée à chaque instant de ce Dialogue à trois voix, comme le disait notre père Fondateur.

Il semble opportun de rappeler aujourd’hui que ce Dialogue avec les Personnes divines ne porte pas seulement sur des vérités ou sur notre vie morale. Ce n’est pas un dialogue principalement rationnel ou discursif ; c’est un dialogue de notre être. La communication essentielle porte sur l’amour, et l’amour n’a pas toujours besoin d’explication. Comme le dit saint Paul : « L’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné » (Rm 5, 5).

La voix du Père se manifeste comme un appel continu à vivre notre identité de filles et de fils.

C’est sa voix qui nous rappelle qui nous sommes et où nous devons aller. C’est la voix qui nous appelle à faire confiance à sa Providence et à nous reposer dans son amour. Lorsque Jésus prie le Père, il dit : Père saint, garde-les en ton Nom (Jn 17, 11). En chacun de nous, ce dialogue s’appuie sur le passé, sur la certitude et l’expérience qu’il ne nous a pas abandonnés, qu’il a un plan pour chacun de nous, qui se manifeste parfois peu à peu.

La voix du Fils est souvent un enseignement sur la manière de suivre le chemin. Cela explique pourquoi il s’identifie comme le vrai Chemin (Jn 14, 6). Le simple souvenir de son image nous invite à servir et à vivre en communion avec les autres. Il nous rappelle que nous avons été restaurés comme des personnes par son sacrifice et cela nous pousse à pardonner de la même manière. Sa présence est vraiment contagieuse, c’est pourquoi il a cherché à ce que cette présence prenne de nombreuses formes différentes :

– dans l’Eucharistie,

– lorsque deux ou plusieurs personnes se réunissent en son Nom,

– dans la Parole, qui nous éclaire toujours d’une manière nouvelle. Souvent, loin de nous sembler un texte, nous sentons que le Christ nous parle au cœur.

– dans notre prochain, qui nous permet de voir la vertu et la même, chez celui qui se trouve dans le besoin, douleur qui émeut Dieu. J’avais faim et tu m’as donné à manger

– dans la prière explicite ou implicite, personnelle ou communautaire, comprise comme « état de prière » de celui qui n’a qu’une seule intention dans tout ce qu’il fait.

La voix du Saint-Esprit : l’inspiration et le guide intérieur

Le Saint-Esprit nous parle du plus profond de notre cœur, illuminant notre esprit et nous guidant dans chacune de nos décisions. C’est sa voix qui nous console dans les difficultés, qui nous pousse à agir avec courage et qui nous donne le discernement nécessaire pour reconnaître la volonté de Dieu.

Ce dialogue discret et continu avec la Sainte Trinité se réalise de manière imprévisible et variée. J’aimerais l’exprimer en quelques vers :

Tu es là encore,

comme une ombre lumineuse

dans le désert fertile de ton absence

où les os desséchés se transforment

en sang déterminé

qui fait couler une vie nouvelle dans les artères.

Tu es toujours là, dans le silence

de la prière qui ne dit presque rien,

dans le mot blessé entre les lèvres

dans le paysage gris d’un regard

Tu es là encore,

comme cette mélodie

qui est entrée dans ma mémoire et m’accompagne

comme si elle était la maîtresse de mon âme.

—ooOoo—

Le Psaume 8, en contemplant la dignité de l’être humain, le décrit comme quelqu’un de puissant et de faible à la fois. Dieu, dans sa bonté, aime l’être humain d’une manière si spéciale qu’il en fait son co-créateur, collaborateur à son œuvre.

A voir ton ciel, ouvrage de tes doigts, la lune et les étoiles que tu fixas, qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?

Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur ;

tu l’établis sur les oeuvres de tes mains, tu mets toute chose à ses pieds :

les troupeaux de boeufs et de brebis, et même les bêtes sauvages,

les oiseaux du ciel et les poissons de la mer, tout ce qui va son chemin dans les eaux.

—ooOoo—

C’est ce que signifie être créé à l’image de la Sainte Trinité, partager son autorité sur la création. Sa dignité particulière est la source de la grandeur de l’homme, qui ne peut être violée. Que la Loi dise que « nous sommes des dieux » (Jn 10, 34) nous permet de vivre en présence des Personnes divines.

Dans l’Exode, nous voyons comment Moïse gardait les moutons dans le désert, comme chaque jour, après des années d’exil. Il n’était ni prophète, ni chef, ni visionnaire. Juste un berger fatigué et apparemment oublié.

Un matin, il gravit le mont Horeb et là, au milieu de sa routine, il vit un buisson qui brûlait sans se consumer. Il s’approcha. Alors il entendit une voix : N’approche pas. Enlève tes sandales, car le lieu où tu te tiens est une terre sainte.

Moïse entra dans la présence vivante de Dieu. Ce fut une rencontre réelle, qui changea tout : une terre commune devint sainte, sa vie de berger devint une vocation et son nom fut prononcé avec tendresse par Dieu lui-même. Vivre en présence de Dieu, comme Moïse, signifie s’arrêter devant le mystère lorsque quelque chose dans le quotidien brûle et prend un nouveau sens.

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Dans les Cœurs Sacrés de Jésus, Marie et Joseph,

Luis CASASUS

Président