Ce vendredi 6 décembre 2019 est un grand jour pour nous, Missionnaires Identès qui commémorons le 15ème anniversaire du retour au Père de Fernando Rielo, notre bien-aimé père Fondateur !
A Paris, nous avons eu l’immense joie de pouvoir faire coïncider la date du 6 décembre avec la présentation de l’édition française du livre Fernando Rielo : un dialogue à trois voix. Entretiens avec Marie-Lise Gazarian au Collège des Bernardins. Son éminence le Cardinal André Vingt-Trois, archevêque émérite de Paris, qui a préfacé ce livre et patronné l’événement, nous a fait l’honneur de sa présence.
De fait, ce sont plusieurs voix qui se sont croisées pour faire découvrir la vie, la poésie et la métaphysique de Fernando Rielo aux invités venus pour l’occasion en bravant la grève des transports. C’est Camille Lacau Saint Guily, maître de conférence à l’Institut d’Etudes Hispaniques de Sorbonne Université, spécialiste de la philosophie espagnole du 20e s, qui a orchestré les voix et introduit les différents intervenants.
Le Cardinal Vingt-Trois a pris le premier la parole, posant un regard aiguisé sur la culture contemporaine et l’expérience mystique de Fernando Rielo :
« Qu’est-ce que ce charisme [idente] veut dire à notre temps ? (…) La culture classique, humaniste, s’efface, se dilue ou est submergée par une culture technique et scientifique qui a évidemment ses qualités et son intérêt pour l’existence de l’homme, mais dont la prédominance ou l’exclusivité appauvrit la civilisation (…) et rend inapte à pressentir (…) ou à cultiver des dimensions importantes de l’être humain. (…) Fernando Rielo est l’un des témoins de cette réalité qui échappe à cette approche technico-scientifique. Il n’est pas fréquent que les gens soient à même de percevoir cette dimension transcendante. Il est encore moins fréquent qu’ils soient capables de l’exprimer (…), de la transmettre, et de lui trouver un langage qui n’est pas seulement un langage ordinaire mais poétique. »
C’est ensuite la voix passionnée de Marie-Lise Gazarian, professeur de littérature espagnole et latino-américaine à l’Université St. John, l’une des plus anciennes institutions catholiques des Etats-Unis, qui a narré comment est né ce livre d’entretiens avec Fernando Rielo :
« D’une voix qui ne semblait pas de ce monde, son âme me parlait, il me confiait d’une voix à peine audible, comment encore dans son berceau, son compagnon de tendre enfance était Dieu. »
« Fernando Rielo nous raconte avec simplicité et candeur, avec la pureté du balbutiement d’un enfant, sa relation avec le Créateur. Ce livre (…) est une envolée vers Lui. »
« Homme de contraste, il semait la joie autour de lui ; lui pourtant souffrait de vivre, car comme Sainte Thérèse d’Avila, il voulait mourir en Dieu : ‘Emmène-moi avec Toi !’ Comme artiste qu’il était, (…) il faisait jouir des beautés esthétiques ceux qui l’entouraient. Quelle que soit la maison où il vivait, il la transformait en un bijou véritable. (…) Bien qu’il n’ait jamais été père, il laisse une innombrable famille, les missionnaires identès »
Notre sœur Juana Sánchez-Gey Venegas, professeur de philosophie à l’Université Autonome de Madrid, a quant à elle mis en lumière les points clés de la métaphysique, l’anthropologie et la poésie de Fernando Rielo, rappelant l’origine de ses questionnements :
« Dans sa jeunesse, Fernando Rielo s’est consacré à l’étude de la philosophie et de la théologie, observant que chacune de ces sciences présentait une carence :
- Concernant la philosophie, il pensait qu’elle était excessivement rationaliste, abstraite, spéculative et que la racine de cette carence se trouvait dans un principe logique –le principe d’identité– sur lequel s’appuyait la pensée.
- Concernant la théologie, il constatait qu’elle expliquait bien, suffisamment, le mode d’être ou de procéder des deux premières Personnes divines, mais que la troisième procession divine, c’est-à-dire l’action de l’Esprit Saint ad extra, qui est le principe d’inspiration, n’avait pas été suffisamment approfondie. »
« Pour Fernando Rielo, la poésie est un mot intuitif, parce qu’elle ne fait pas référence à des démonstrations, mais plutôt à l’amour, au rapport qui n’est connu que par amour. Poiesis signifie union, union sacrée et capacité créatrice. »
Éric de Rus, professeur de philosophie et poète, a lu des extraits de Dialogue à trois voix sur la création et la poésie mystique. Selon lui, la poésie est faite pour être déclamée. Il a donc choisi deux poèmes du 1er recueil de Rielo, Dieu et Arbre et les a ainsi présentés :
« Il me semble que la poésie de Fernando Rielo est mystique en raison de la tension qui existe entre le relatif et l’absolu qu’elle exprime. Elle fait à mon sens entendre, dans la présence singulière et fugitive de chaque chose nommée (une aile, une rose…) la présence ineffable. »
La supérieure provinciale de France, qui a rencontré personnellement Fernando Rielo lors des visites de ce dernier en France, de 1982 à 1985, a mis en valeur sa personne en tant que père, dans un témoignage qui a beaucoup ému. Elle a conclu en lisant cette phrase écrite de la main du Fondateur dans un livre d’or, le 15 décembre 1985, avant de quitter Paris :
« J’emporte de cette visite et heure de ma vie la sollicitude aimante de notre Père céleste : voir un peu de Lui dans vos pas. »
Et pour finir en beauté, les missionnaires ont chanté quatre poèmes mis en musique et accompagnés par Ricardo Eyzaguirre à la guitare : Amigo, Une humble pupille, Me alegro et Je ne veux pas. Les deux derniers se trouvent dans le livre présenté, un dialogue à trois voix (p. 42 et 132-133). L’interprétation de ces chants, en particulier de Je ne veux pas, dont la mélodie et l’harmonisation est due à E. Grégoire, a suscité beaucoup d’émotion dans le public, à la fois captivé et bienveillant. Que soient remerciés encore le cardinal André Vingt-Trois, ainsi que le Collège des Bernardins, en la personne de Laurent Landete, pour son accueil et sa confiance, et l’ensemble des participants à cet acte, amis de toujours ou invités qui se sont aventurés pour la 1ère fois sur les pas du poète, humaniste, philosophe, mystique et fondateur Fernando Rielo. Tous ont pu échanger leurs impressions sur ce qu’ils ont reçu et ressenti autour d’un verre de l’amitié aux couleurs espagnoles, tandis que Marie-Lise Gazarian dédicaçait le livre.