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Évangile

Que vienne l’arrogance, viendra le mépris ! La sagesse est avec les humbles | Evangile du 31 août

By 27 août, 2025août 30th, 2025No Comments


Evangile selon Saint Luc 14,1.7-14:

Un jour de sabbat, Jésus était entré chez un chef des pharisiens pour y prendre son repas, et on l’observait. Remarquant que les invités choisissaient les premières places, il leur dit cette parabole: «Quand tu es invité à des noces, ne va pas te mettre à la première place, car on peut avoir invité quelqu’un de plus important que toi. Alors, celui qui vous a invités, toi et lui, viendrait te dire: ‘Cède-lui ta place’, et tu irais, plein de honte, prendre la dernière place. Au contraire, quand tu es invité, va te mettre à la dernière place. Alors, quand viendra celui qui t’a invité, il te dira: ‘Mon ami, avance plus haut’, et ce sera pour toi un honneur aux yeux de tous ceux qui sont à table avec toi. Qui s’élève sera abaissé; qui s’abaisse sera élevé»
Jésus disait aussi à celui qui l’avait invité: «Quand tu donnes un déjeuner ou un dîner, n’invite pas tes amis, ni tes frères, ni tes parents, ni de riches voisins; sinon, eux aussi t’inviteraient en retour, et la politesse te serait rendue. Au contraire, quand tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles; et tu seras heureux, parce qu’ils n’ont rien à te rendre: cela te sera rendu à la résurrection des justes».

Que vienne l’arrogance, viendra le mépris ! La sagesse est avec les humbles (Proverbes 11, 2)

Luis CASASUS Président des Missionnaires Identès

Rome, 31 août 2025 | XXIIe dimanche du temps ordinaire

Sir 3, 17-18.20.28-29; Hébreux 12, 18-19.22-24a; Luc 14, 1.7-14 
  1. Une histoire au goût zen. Kenshin était un jeune samouraï dont la renommée le précédait dans chaque village. Un jour, il fut invité à une cérémonie du thé par le maître Hakuin, connu dans toute la province pour son habileté au sabre, mais plus encore pour la profondeur de son silence.

Outre Kenshin, deux autres invités étaient présents : un vieux paysan aux mains gercées par la terre et une potière dont les vêtements simples sentaient l’argile.

En arrivant dans la petite salle de thé, Kenshin observa la disposition des coussins. Il y avait une place d’honneur, juste en face du petit autel avec un rouleau de calligraphie et un seul lys dans un vase. Sans hésiter, et supposant que son statut le méritait, Kenshin s’avança et s’agenouilla sur le coussin principal. De là, il observa avec un air de supériorité le paysan et la potière prendre les places les plus éloignées de l’entrée, les plus humbles.

Maître Hakuin entra dans la pièce en silence. Son regard se posa sur chacun de ses invités avec le même calme que la lune se posant sur un étang. Il ne fit aucun commentaire sur le choix des sièges.

La cérémonie commença. Chaque mouvement de Hakuin était un poème : l’eau versée, le thé battu, le bol chauffé. Finalement, le moment de servir arriva.

Le maître se leva et, avec le premier bol de thé fumant, se dirigea directement vers le vieux paysan. Il s’agenouilla et le lui offrit avec une profonde révérence. Puis, il prépara un deuxième bol et, avec la même déférence, le présenta à la potière.

Kenshin, assis à la place d’honneur, attendait son tour. Il sentait la chaleur monter à ses joues. Le dernier à être servi était toujours le moins haut placé.

Lorsque le maître Hakuin s’agenouilla enfin devant lui, Kenshin ne put se retenir. « Maître, dit-il d’une voix aussi contenue que possible, ai-je offensé cette maison ? J’occupe la place d’honneur, mais je suis servi en dernier. » Le maître Hakuin ne répondit pas immédiatement. Il lui offrit simplement sa tasse de thé. Kenshin le prit et, en regardant à l’intérieur, vit qu’il était complètement vide.

Une tasse que l’on croit déjà pleine, dit doucement Hakuin, ne peut recevoir de thé. Une place que l’on prend de force reste vide d’honneur. L’honneur n’est pas une place que l’on occupe, mais un cadeau que l’on reçoit. Et il ne peut être reçu qu’avec les mains ouvertes et une place humble.

Le visage de Kenshin rougit, non pas de colère, mais d’une honte profonde et soudaine. Il comprit instantanément. Le véritable honneur ne résidait pas dans le coussin qu’il avait choisi, mais dans l’humilité dont il avait manqué. Lentement, il se leva, posa la tasse vide et s’agenouilla à l’endroit le plus bas, près de la porte. Ce n’est qu’alors que le maître Hakuin prit une nouvelle tasse, la remplit du meilleur thé et la lui offrit, cette fois avec un sourire chaleureux. En le buvant, Kenshin eut l’impression de n’avoir jamais goûté quelque chose d’aussi savoureux.

Car quiconque s’élève sera abaissé, et quiconque s’abaisse sera élevé. La véritable grandeur ne réside pas dans la reconnaissance ou l’attention que nous exigeons, mais elle nous est accordée lorsque notre cœur est suffisamment humble pour occuper la dernière place.

De plus, cette histoire met en lumière la valeur de l’humilité de ceux qui ont reçu des dons ou des fonctions particulières, en présentant le maître Hakuin servant le thé à tous avec révérence et respect.

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  1. Ton orgueil et le mien. L’humilité dont Jésus nous parle aujourd’hui a une valeur universelle et engage chaque être humain. Chez les personnes de toutes conditions sociales confondues, chez celles qui se consacrent à l’étude comme les plus ignorantes, on observe l’orgueil dans l’attachement à des opinions de toutes sortes, ou à la manière dont toute activité devrait être menée, du rangement d’une armoire à l’organisation d’un événement complexe.

Les conséquences sont tristes, non seulement parce que cela détériore évidemment la cohabitation, mais aussi parce que, comme le rappelle clairement Jacques dans son Épître, Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles (Jc 4, 6). Notre orgueil rend impossible le dialogue avec les Personnes divines.

L’orgueil est un trait communément associé aux personnes occupant des positions élevées d’autorité, de richesse ou de renommée. Chez les personnes « sans importance » – si nous utilisons ce terme avec ironie – l’orgueil peut se manifester de manière plus subtile, mais tout aussi révélatrice :

L’orgueil chez les personnes « sans importance » (c’est-à-dire la plupart d’entre nous) est souvent un moyen de compenser des insécurités, des frustrations, la peur du rejet ou une vie qui ne répond pas à leurs attentes. C’est une armure psychologique qui cherche à protéger l’ego, même si, dans la pratique, elle le rend plus fragile. Il est alors facile que l’orgueil se transforme en illusion de grandeur.

Notre arrogance est souvent une surestimation de nos propres capacités et un désir désordonné d’excellence qui cherche toujours un scénario pour se montrer. Voici quelques-unes des manifestations les plus courantes :

(i). L’incapacité à demander de l’aide ou à dire « je ne sais pas ». Pour une personne orgueilleuse, admettre une lacune ou un doute est une humiliation. Elle préfère commettre des erreurs grossières, se perdre ou rendre un travail médiocre plutôt que de demander de l’aide. La phrase « je ne sais pas comment faire cela » ou « pouvez-vous m’aider ? » est perçue comme une déclaration d’infériorité, c’est pourquoi elle l’évite à tout prix.

(ii). Critiquer et rabaisser les autres. C’est l’un des moyens les plus courants de nourrir son estime de soi.

(iii). Rejet total des critiques et des corrections. Une personne arrogante est incapable d’accepter une critique constructive. Toute suggestion d’amélioration est considérée comme une attaque personnelle et une offense directe à sa valeur. Elle est généralement sur la défensive, agressive ou méprisante envers la personne qui lui donne le conseil («et qui êtes-vous pour me dire comment faire les choses ? »). Cela limite fortement sa capacité à apprendre ou à changer.

(iv). Le besoin d’avoir toujours raison. Dans toute conversation, qu’il s’agisse d’un débat sur le sport ou d’une discussion sur le meilleur itinéraire pour se rendre à un endroit, la personne arrogante se battra jusqu’au bout pour imposer son point de vue. Elle ne recherche pas la vérité ou la meilleure solution, mais la victoire. Admettre qu’elle avait tort est intolérable pour son ego, elle utilisera donc des sophismes, changera de sujet, interrompra les autres ou élèvera la voix pour « gagner » la discussion. Même si elle n’a pas de connaissances approfondies, elle insiste pour imposer son point de vue comme s’il était incontestable.

(v). S’attribuer les mérites des autres et minimiser ses propres erreurs. Dans un environnement de travail ou dans le cadre de projets de groupe, ils s’empressent de s’attribuer le mérite des succès, même si leur contribution a été minime. À l’inverse, lorsque quelque chose tourne mal, ils sont experts dans l’art de blâmer les autres, les circonstances ou la malchance. Ils n’assument jamais leur part de responsabilité.

(vi). Compétitivité excessive dans des domaines insignifiants. Ils transposent la compétition à tous les aspects de la vie, même les plus absurdes : raconter l’anecdote la plus intéressante lors d’un dîner ou connaître l’information la plus farfelue. Ils transforment toute interaction en une occasion de prouver qu’ils sont « meilleurs » que les autres. Ils font constamment des comparaisons : ils se sentent supérieurs aux autres dans leur entourage immédiat (voisins, collègues, famille), même s’ils n’ont pas de réalisations notables.

(vii). Fausse modestie, victimisation et ostentation dissimulée. Parfois, l’orgueil se déguise en humilité. C’est la personne qui dit : « Ouf, je suis épuisé. J’ai dû régler tout seul le désastre laissé par l’équipe du matin, mais bon, quelqu’un devait le faire. » C’est une plainte qui vise en réalité à obtenir reconnaissance et compliments, une façon de parler de ses propres réalisations sous le couvert du sacrifice.

À d’autres moments, une humilité apparente cache l’arrogance : des phrases telles que « je ne suis personne, mais… » suivies de jugements catégoriques ou de critiques acerbes.

En conclusion, l’arrogance chez les personnes « sans importance » ne se manifeste pas par de grandes démonstrations de pouvoir, mais dans les interactions quotidiennes. C’est une armure fragile qui, bien qu’elle cherche à protéger un ego blessé, finit par éloigner les autres, entraver la croissance personnelle et faire taire la voix des Personnes Divines.

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  1. Un missionnaire racontait comment une fête était célébrée dans une luxueuse villa, dans l’une de ces villes où la pauvreté côtoie le luxe le plus extravagant. À la fin de la fête d’anniversaire de leur fille, une brillante étudiante universitaire, les parents ordonnent aux domestiques de ranger la salle. La table était couverte de grandes quantités de restes de viande, de riz, de gâteaux…

« Que faisons-nous de tout cela ? » demande le mari, quelque peu embarrassé. Sa femme s’arrête un instant et, comme si elle se rendait compte de l’erreur commise, ajoute : « Nous avons invité les mauvaises personnes : des gens qui n’avaient pas faim.

Nous avons peur que des personnes affamées, désorientées, difficiles… s’approchent de nous, de peur qu’elles nous fassent perdre notre temps et notre énergie. Cependant, la fête de notre vie pourrait se terminer par une déception : nous pourrions nous retrouver avec les biens que le Père nous a donnés pour nourrir ceux qui sont dans le besoin. »

Dans l’Evangile, les pauvres, les aveugles, les estropiés, les boiteux représentent ceux qui ont fait le mal dans leur vie. Ils sont le symbole de ceux qui marchent sans la lumière de l’Évangile et trébuchent, tombent, se font du mal à eux-mêmes et aux autres, passant d’une erreur à l’autre. Jésus rappelle à ses disciples que la fête a été organisée uniquement pour eux. Il est présent en eux, d’une manière particulièrement invisible aux yeux du monde. Ce qui les unit, c’est qu’ils ne peuvent pas rendre la pareille.

Le véritable apôtre se consacre à prendre soin des vocations qu’il peut découvrir et aussi à apporter la paix à ceux qui n’ont ou ne peuvent avoir aucun intérêt pour la vie spirituelle. Ces deux attitudes se manifestent continuellement dans la vie du Christ.

Lorsque nous, les hommes, rendons service, nous pensons immédiatement à la contrepartie ; nous calculons presque instinctivement les avantages que nous pouvons en tirer, matériels ou spirituels. Passer de cette attitude naturelle à une dépendance farouche à l’instinct du bonheur est également… très naturel.

Jésus demande à ses disciples d’aimer gratuitement, de faire le bien sans rien attendre en retour. Il recommande d’accueillir chez soi ceux qui ne peuvent rien donner en échange. La récompense sera donnée par Dieu au Ciel, un Ciel que nous pouvons sentir présent dans cette vie en sentant que nos efforts, aussi petits soient-ils, auront une valeur éternelle.

Il ne s’agit pas d’attendre une plus grande récompense à la fin de cette vie. Celui qui aime en recherchant principalement le bien de son frère devient comme le Père qui est aux cieux. Il fait dès maintenant l’expérience de la joie même de Dieu.

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Dans les Cœurs Sacrés de Jésus, Marie et Joseph,

Luis CASASUS

Président